Comment lâcher prise ? 4 solutions pour y parvenir.
Date :
29 Févr. 2024
Rédacteur :
Françoise MADEC
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Concrètement c’est quoi le lâcher-prise ? Qu’est ce que l’on est supposé lâcher ? Est-ce que ça en vaut vraiment la peine et en comment faire pour y arriver ?

"Let it be", nous chantaient les Beatles il y a quelques années. C’est un conseil que vous avez probablement entendu bien souvent. Vous-même, vous êtes peut-être dit que ce serait une excellente idée de lâcher-prise, que cela vous libèrerait de vos tensions, de votre stress…

Je vous propose dans cet article, 4 solutions concrètes pour y arriver :

·         Arrêter de vouloir tout contrôler.

·         Accepter la réalité

·         Etre bienveillant(e) envers vous-même

·         Vivre dans le présent

Lâcher prise, c’est arrêter de vouloir tout contrôler.

 

Essayez-vous de contrôler ce qui se passe dans votre vie: vos émotions, vos réactions et celles de vos proches, votre état de santé, votre poids, l’opinion que les autres se font de vous… ?

Vous dites-vous qu’en vous contrôlant et en contrôlant votre environnement, vous allez ne plus avoir peur, ne plus vous sentir coupable, ne plus échouer, ne plus stresser… ?

Si vous êtes anxieux(se), c’est encore pire.

Contrôler vous donne la sensation de pouvoir éviter les dangers, les émotions qui font mal, les échecs…

Vous vous dites peut-être, que votre vie serait tellement simple, si vous pouviez tout décider. Plus de mauvaises surprises, plus de peur, plus de frustrations, plus de douleur…

Tout se passerait exactement comme vous l’auriez choisi: Votre vie sentimentale, vos enfants, votre santé, votre travail.

Mais c’est évidemment une illusion. Pire encore, il s’agit d’une fuite en avant aux conséquences redoutables.

 

Vouloir contrôler, c’est fuir la réalité.


Que faites-vous quand vous êtes confronté(e)s à une situation, une chose ou un évènement qui vous inquiète, vous culpabilise, vous dégoutte, vous énerve…

Il se peut que vous puissiez faire disparaitre ce qui pose problème. Mais bien souvent, ce n’est pas possible.

·         Votre partenaire semble déprimé(e)s, vous vous démenez pour l’aider, vous êtes au petit soin pour lui/elle, vous vous répétez que vous allez lui rendre sa sérénité. Vous allez échouer et vous sentir coupable. Vous refusez d’admettre que c’est d’une aide professionnelle dont votre partenaire a besoin.

 ·         Vous avez des soucis de santé, et n’arrivez plus à faire votre ménage aussi bien qu’avant. Vous culpabilisez et tentez de vous forcer à vous y mettre. Vous allez échouer et vous sentir incompétent(e). Vous refusez d’admettre que vos capacités sont objectivement impactées par votre santé.

Le point commun entre ces 2 exemples est la peur, l’impossibilité, le refus de vivre vos émotions douloureuses.

Quand une situation inconfortable surgit, cela provoque en vous des ressentis si intenses, que vous vous efforcez de reprendre le contrôle pour ne plus avoir à les subir.

Mais tôt ou tard, vous allez échouer, parce qu’en fait, vous ne contrôlez pas grand-chose.

·         Ce que vous pouvez contrôler: vos actions, vos valeurs, vos objectifs, vos habitudes, vos décisions, vos jugements

·         Ce que vous pouvez essayer d’influencer mais sans garantie de résultat: vos émotions, votre travail, votre santé…

·         Ce que vous ne contrôlerez jamais: la météo, les maladies, les émotions, pensées et réactions des autres, le passé, l’avenir…

 

En fait ce que vous cherchez vraiment à contrôler, c’est vos émotions. Ce qui va aggraver la situation. En refoulant, vous rajoutez de l’huile sur le feu. Tôt ou tard, vous allez craquez. Vos peurs, votre colère votre honte, votre dégout…vont alors, exploser et vous submerger.

Vous vous condamnez de fait, à osciller en permanence entre déni de vos ressentis et explosions émotionnelles encore plus insupportables. Vous vous condamnez aussi à vous en vouloir d’avoir perdu le contrôle, et cela va affecter de plus en plus douloureusement votre confiance en vous.

 Vos émotions sont des messages que votre cerveau émotionnel vous envoie à vous-même, des messages auxquels il vous est impossible d’échapper quel que soit leur contenu. Plus vous tentez de les fuir ou de les modifier, plus vos émotions vont grossir en intensité, et tôt ou tard vous éclater à la figure. En fait, quand vous cherchez à contrôler vos émotions, vous les transformez en bombes à retardement.

  

Lâcher prise, c’est accepter la réalité


Vous répétez-vous souvent

·         « Si j’étais plus riche, plus beau/belle, plus intelligent(e), ma vie serait plus belle ».

·         « Si je faisais plus d’efforts, j’aurais plus de succès en amitié/au travail ».

·         « Quand j’aurai un meilleur travail/un(e) partenaire aimant, je serai heureux(se) » ?

De fait, tout le monde, tôt ou tard, se projette ainsi et voudrait pouvoir modifier son passé/son présent/son futur/son environnement/ le monde, pour atteindre le bonheur. Qui n’a pas, un jour, rempli une grille de loto, en imaginant la vie merveilleuse, qu’il ou elle aurait, après avoir gagné !

 Mais pour y arriver, vous allez devoir modifier des choses sur lesquelles vous n’avez que peu ou pas du tout de prise, comme par exemple ce que les autres pensent vraiment de vous.

En fait, cela équivaut à vous battre contre la réalité. Non seulement vous allez perdre ce combat, mais de plus, sur le fond, cela revient à vous autosaboter. Vous allez vous épuiser à vous battre en vain, perdre confiance en vous, et pendant ce temps-là, vous ne profitez pas de ce que la vie vous offre déjà. 


Accepter ce qui est, même si c’est inconfortable.


De fait, comme vous venez de le lire, il n’y a pas grand-chose sur lesquelles vous ayez vraiment prise. La plupart des situations que vous allez traverser au cours de votre vie, vont s’imposer à vous, que vous le vouliez ou non.

Vous pouvez gaspillez votre temps et votre énergie à éviter toutes les choses désagréables ou à les tenter de les changer, ou vous pouvez accepter que la seule chose que vous pouvez modifier, c’est votre façon de percevoir et vivre ce qui vous arrive.

 Russ Harris, dans son livre « Le piège su bonheur », propose une métaphore très parlante sur l’acceptation :

Imaginez que vous soyez pris dans des sables mouvants.

Submergé(e) par votre peur, ou par votre colère face à l’injustice de votre sort, vous pouvez vous débattre pour en sortir, hurler pour appeler à l’aide… Vous allez rapidement vous épuiser et couler. Vous pouvez aussi accepter ce qui est, vous allonger sur le dos sans bouger et ainsi, vous allez pouvoir flotter suffisamment longtemps pour être aidé(e). Et qui sait, si vous arrêtez de vous débattre, vous allez vous rendre compte qu’il y a une branche bien pratique à votre disposition, et même peut-être que ce que vous aviez pris pour des sables mouvant, n’en sont pas.

 Lâcher prise, c’est accepter la réalité, même quand elle provoque en vous des ressentis désagréables.

Vous êtes angoissée(e) ou souvent irritable et cela vous gâche la vie ? Rappelez-vous alors que ce n’est pas ce que vous vivez qui vous rend triste, en colère, anxieux(se), content(e), excité(e), mais l’interprétation que votre cerveau émotionnel en fait.

Votre collègue vous a dit ce matin, quelque chose qui vous a blessé. En fait, ce ne sont pas ces paroles qui vous ont touché, mais l’interprétation que vous en avez faites, une interprétation qui dépend de votre histoire de vie. Ces paroles vous ont blessé, parce qu’elles ont réveillé une blessure non cicatrisée, présente en vous peut-être depuis votre petite enfance.


Comment faire pour accepter vos émotions ?


Je vous propose une stratégie en 3 temps.

1. Vous défouler 

Une émotion est comme une décharge électrique, une fois qu’elle est là, il est impossible de l’arrêter. Au contraire, autorisez-vous à la ressentir à fond, pour la sortir rapidement de vous.

Je vous conseille dès que votre émotion surgit, de vous défouler. Prenez au moins 1 minute ou 2 pour crier, taper du pied ou dans un coussin, monter un escalier à toute vitesse…

Voici également un exercice inspirée de la Relaxation dynamique de Jacobson, très efficace pour relâcher la pression.

•         Faites un grand inspir et contractez tous vos muscles le plus possible.

•         Concentrez-vous sur votre émotions ou vos pensées désagréables.

•         Sur votre expir, relâchez en criant le plus fort possible ”STOOPPP” ou tout autre formule équivalente (”NOON”, ”ASSSEEZ”, ”CAA SUUUFFFIT”...). Vous pouvez aussi crier votre juron préféré ;

 

 2. Vous apaiser

 Une fois la crise émotionnelle passée ou entre les crises, pratiquer l’auto-apaisement. Les rituels d’auto-apaisement apaisent et nous aident à nous créer notre bulle de sécurité. Ces rituels sont des stimulus sensoriels agréables vécus en pleine conscience.

La liste de toutes les pratiques d’auto-apaisement est infinie. Voici quelques exemples parmi mes préférés:

•         Prendre un bain chaud

•         Aller marcher

•         Caresser votre chien ou votre chat

•         Écouter de la musique

•         Faire des exercices de yoga

•         Manger ou boire quelque chose que vous aimez

•         Respirer une odeur agréable

•         Téléphoner à un(e) ami(e)

•         Vous auto-masser….

  

3. Prendre du recul

Une situation vous dérange, des émotions ont surgi et vous ont blessé ou effrayé. Une fois votre apaisement en place, prenez quelque minutes pour comprendre ce qui s’e passé. 

Avez-vous ce matin remarqué des collègues en train de rire dans un coin de la salle de café, alors que vous veniez d’entrer. Que vous êtes vous dit et qu’avez-vous éprouvé ?

1.    « Ils se moquent de moi, je ne suis pas bien habillé(e), je suis ridicule ». Émotions correspondantes: Anxiété, frustration, colère, tristesse.

2.    « Ils ont bien l’air de s’amuser, je vais aller les rejoindre ». Émotions correspondantes : plaisir, excitation.


Si vous avez adopté la première interprétation, c’est que cette situation est venue réveiller une blessure émotionnelle non cicatrisée. Posez-vous alors 2 questions :

1.    Est-ce que mon interprétation de ce qui s’est passée est la plus utile pour mon bien-être ?

2.    Est-ce qu’il pourrait y en avoir d’autres plus utiles ?

  

Mais attention, accepter ne veut pas dire vous résigner ou abandonner.

 

Accepter votre réalité ne signifie pas que vous allez vous résigner à « faire avec » ou tolérer ce qui est insupportable.

Etes-vous de ceux et celles qui ruminent régulièrement et se répètent : « Mais pourquoi moi ? », « Ce n’est pas juste. », « Personne ne m’aime », « je ne m’en sortirai jamais »…

Etes-vous de celles et ceux qui se battent très souvent contre leurs pensées anxieuses, leurs frustrations, leur incompréhension, leur impuissance ?

Imaginez tout le temps, l’énergie, la disponibilité mentale et émotionnelle dont vous allez disposer, quand vous vous aurez cessé de ressasser, de ruminer ou de fuir ce qui se passe ou de vous en vouloir.

Une fois que vous aurez commencé à lâcher-prise, vous aurez les ressources nécessaires pour:

•         Faire le tri entre ce qui dépend de vous et le reste.

•         Définir qui vous vous être vraiment (vos besoins, vos valeurs, vos objectifs…)

•         Et surtout profiter de tous les moments de plaisirs, de tendresse et d’épanouissement qui sont déjà à votre portée.

 

En acceptant de votre réalité en face, vous allez aussi vous rendre compte que :

•         Votre situation n’est pas aussi sombre que vos projections ne vous la montrent.

•         Vous avez déjà à votre dispositions toutes sortes de solutions pour vous en sortir.

•         Qu’il y a des gens autour de vous qui vous aiment et seraient très heureux de pouvoir vous aider.

  

Lâcher prise, c’est être bienveillant(e) envers vous-même

 

Selon Kristin Neff, être bienveillant(e) et compatissant(e) est l’attitude la plus utile pour accepter la réalité.

Vous êtes un(e) être humain(e). Et être humain, cela signifie, que quelque soient vos efforts, vous allez vivre des échecs, des déceptions, des pertes, de la peur...

Eprouver des émotions déplaisantes, échouer, vous tromper, être jaloux(se), méchant(e), ça n’est pas agréable, cela peut même effrayer, stresser ou culpabiliser. Mais il s’agit de vécus inévitables, Tôt ou tard nous y sommes toutes et tous confronté(e)s, car ils font partie de l’expérience humaine. Alors lâchez prise, et cessez de fuir ou de vous battre contre ce qui est inévitable. Après tout, qu’avez-vous fait ou à craindre de si terrible ? 


Voici quelques exercices d’autobienveillance.


Automaternez-vous : Prenez-vous dans les bras plusieurs fois par jour et autorisez-vous à vous dire à quelle point vous vous aimez. Même si cela va vous paraitre étrange au début, il s’agit de vous apporter la sécurité et le plaisir des bras d’une mère acceptante.

 Tenez un journal de vos réussites: Prenez quelques minutes chaque soir pour noter trois choses que vous avez réussi dans la journée et félicitez-vous.

Cela peut être aussi simple qu’une bonne tasse de café le matin. L’important est d’être précis(e)s dans la description de ce vous avez ressenti à ce moment-là, pour ancrer vos sensations plaisantes et votre fierté en vous.

 Soutenez-vous comme vous soutiendriez un(e) ami(e) : Imaginez que vous avez un(e) ami(e) qui ne va pas bien. Pour le/la soutenir vous allez probablement lui dire : 

·         « Je suis tellement désolé(e) pour toi. »

·         « Ce n’est pas ta faute. Tu as fait de ton possible. »

·         « Tu n’es pas seul(e). Cela montre que tu es humain(e), comme le reste d’entre nous. »

·         « Je suis là pour toi. »

·         « Comment puis-je t’aider ? »

 Imaginez maintenant que vous êtes votre propre ami(e) et que vous vous offrez les mêmes paroles, la même compréhension et le même soutien. Ecoutez tous les jours cette méditation : https://www.youtube.com/watch?v=Rw1bT_sR9Bc

 Et si vous souhaitez aller plus loin, je vous conseille la lecture de :

« Mon cahier d’autocompassion en pleine conscience: Comment apprendre à s’aimer » de Christopher Germer, Kristin Neff.

  

Lâcher prise, c’est vivre dans le présent

 

L’un des plus gros obstacles au lâcher-prise est notre tendance à ressasser le passé et à angoisser devant l’avenir. Plus nous oscillons entre un passé douloureux et un futur anxiogène et plus nous nous condamnons à passer à côté de toutes les chances de plaisir, bien-être, réussite, amitié… qui se présentent régulièrement dans le présent.

 Mais attention, vivre dans le présent, ce n’est pas non plus nier ou refoulez ce qui nous est arrivé. C’est à nouveau accepter. Accepter d’abord que quel que soit ce qui s’est passé, il est trop tard pour changer quoi que ce soit.

Il se peut que vous ayez vécu des choses douloureuses. Mais ressasser ou au contraire ignorer vos blessures les empêchent de cicatriser. Quoi que vous ayez traversé, y revenir en permanence ou le nier, c’est alimenter encore et toujours des émotions comme la culpabilité, la honte, la peur, la frustration… Ces émotions peuvent être très utiles, mais ressassées régulièrement, elles vont se chroniciser et devenir insupportables.

De plus, en vous fixant uniquement sur les moments douloureux de votre passé, vous allez générer une vision absurde et très toxique de vous-même. 

Oui, quand vous étiez enfant ou adolescent, vous avez vécu et peut-être fait des choses déplaisantes. Mais compte tenu de votre environnement, et de vos capacités d’enfant, aviez-vous le choix et auriez-vous pu faire autrement ?

 Vous avez probablement fait de votre mieux, avec ce qui était alors possible. Mais depuis, vous avez grandi et acquis beaucoup de nouvelles ressources et votre environnement a changé. En fait vous n’êtes plus l’enfant que vous étiez ! Mais pour vous en rendre compte, il vous faut vivre dans votre présent.

 Vivre dans le présent ne signifie pas non plus ne pas faire de projet, ne pas avoir d’objectifs et de rêves.

Vivre au jour le jour sans aucun projet pour nous porter est tout simplement insupportable, comme nous l’ont rappelé les épisodes de confinement pendant la crise du Covid.

Mais il y a une énorme différence entre s’autoriser à espérer, rêver et se lancer des défis, et chercher en permanence à contrôler ce qui va se passer, par peur de catastrophes. Vous n’avez pas de boule de cristal, vous ne savez pas ce qui va se passer demain ou dans 6 mois.

Dans le 1er,cas, vous allez vous baser sur votre présent, c’est-à-dire vos ressources, vos capacité et vos envies, pour créer votre avenir.

Dans le 2ème cas, vous êtes trop occupé(e) à craindre ce qui n’existe pas encore et n’existera peut-être jamais pour voir toutes les opportunités et toutes les choses rassurantes qui vous entourent déjà.

Et si les choses tournent mal, vivre votre présent à fond vous donnera des ressources pour gérer vos difficultés bien plus efficacement. 

Pour vivre dans le présent, il existe un outil absolument magique : La pleine conscience, une pratique dans laquelle vous notez sans porter de jugement les pensées et les sensations que vous ressentez à ce moment même.

 Voici 2 « trucs » pour vous exercer à la pleine conscience :

Vous ancrer sur vos 5 sens :

Vous poser et nommer 5 choses que vous voyez, 4 sons que vous entendez, 3 choses que vous pouvez toucher, 2 odeurs que vous pouvez sentir et 1 chose que vous pouvez goûter. Plus vous allez vous exercer à vous poser sur vos sensations physiques dans les circonstances les plus diverses, et plus il vous sera facile de prendre du recul par rapport à tout ce qui se passe dans votre esprit.

 Pendant quelques minutes, observer votre respiration.

Le but est le même que dans l’exercice précédent : Prendre du recul. Voici une vidéo pour vous guider: https://www.youtube.com/watch?v=hFddsMmLi-U&t=5s

 

En conclusion, Je vous propose la prière de la sérénité:

« Mon Dieu, accordez-moi le courage de changer les choses que je peux changer, La sérénité d’accepter celles que je ne peux changer Et la sagesse d’en connaître la différence »


 

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